Dimanche 20 mai, 20h30, mon mari et moi sommes installés devant France 2 qui diffuse "Un prophète". Je ressens une douleur diffuse dans le bas du ventre. Ca dure une trentaine de secondes, puis
ça passe. Le film suit son cours. Moins d'un quart d'heure plus tard, rebelote. Et ainsi de suite toutes les 10-12 minutes. Vers 22h, alors qu’une nouvelle fois la douleur se fait ressentir plus
forte qu’avant, j’inspire profondément, et expire doucement. Mon mari me demande si tout va bien. Je lui explique alors que j’ai des contractions régulières depuis une heure et demie. Toutes les
10 minutes, une douleur, chaque fois plus intense, me prend tout le bas du ventre.
23h15. Le film se termine. Je décide de prendre un bain. Ca arrêtera la douleur s’il s’agit d’un faux travail. Je vais barboter pendant près d’une heure, mais les contractions se rapprochent et
s’intensifient.
Minuit. Ca y est, nous sommes le 21 mai. C’est aujourd’hui le jour de nos noces de coton. Et c’est également aujourd’hui que notre fils a décidé de nous rencontrer… à six jours du terme, il était
temps ! Je sors de mon bain, m’habille, m’attache les cheveux. Je m’active un peu entre chaque contraction. En revanche, dès qu’une contraction se fait ressentir, je ne peux plus bouger et
ne peux plus dire un mot. Je ne peux que respirer profondément et me concentrer sur ma douleur. C’est marrant, tout le long de ma grossesse, la seule chose qui me tracassait un peu, c’était de
savoir reconnaître une contraction. Bon et bien, c’est facile : ça fait super mal, ça empêche de bouger, de marcher, de parler. Et c’est étonnant… on sent la douleur venir, doucement, ce qui
permet d’anticiper un peu le moment où ça fait vraiment mal. Ensuite, étrangement, alors que ça fait encore super mal, dès que le pic de douleur est passé et que la contraction commence à
s’atténuer, on est de suite soulagé… alors que la contraction dure encore une bonne dizaine de secondes.
Le temps passe. Je profite du court délai entre chaque contraction pour mettre les 2-3 bricoles qui manquent dans ma valise, pour mettre quelques plats au congélateur…
Je finis par m’allonger devant la télé, le temps que mon mari continue à se préparer doucement. A ce stade, j’ignore complètement ce que je suis en train de regarder. Les contractions sont de
plus en plus douloureuses et de plus en plus rapprochées… à peu près toutes les cinq minutes.
2h30. Je demande à mon mari de charger la voiture. J’ai vraiment mal, on va partir à la maternité. Je profite du calme entre les contractions pour demander à mon mari de vite prendre les
ronds-points, les dos d’âne ou les bouches d’égout. En revanche, pendant les contractions, il fait attention : je sens les moindres irrégularités du bitume.
Nous arrivons enfin. A 3h, on m’ausculte : je suis dilatée à 3cm. Youpi ! Ca avance, mes contractions sont efficaces. Un rapide calcul me fait penser que nous devrions rencontrer notre
petit bonhomme en fin de matinée… puisqu’on compte environ 1cm par heure, jusqu’à la dilatation complète de 10cm.
On m’installe en salle d’accouchement. Je me change, je mets des petits chaussons pour ne pas avoir froid aux pieds, on m’installe une perfusion. L’anesthésiste vient me poser la péridurale. On
ressent comme un petit pincement… mais c’est ridicule à côté de la douleur d’une contraction. A peine la péridurale posée que je suis soulagée.
4h. J’ai des frissons comme jamais, alors qu’il fait plutôt très chaud dans cette pièce. Malgré l’appareil qui me prend la tension toutes les 10 ou 15 minutes, et malgré les bip du monitoring, je
m’assoupis doucement.
5h, je crois que je suis à 6cm de dilatation.
6h30. La sage-femme m’annonce que la dilatation est complète et qu’elle va appeler mon docteur pour l’accouchement.
7h, mon docteur est là. On s’installe. Première contraction, je pousse de toutes mes forces. Il me dit que le bébé n’a pas bougé d’1mm et que je ne pousse pas bien. Zut… je ne vois pas bien
comment pousser mieux. Deuxième contraction, je pousse en y mettant toute ma hargne. Là, il comprend finalement que je pousse très bien, mais que notre petit bonhomme a une tête toute ronde et
qu’il va falloir l’aider à passer. Spatules, épisio interne… je passe les détails aux âmes sensibles…
7h11, on me pose mon fils sur le ventre. C’est le plus beau moment de ma vie ! Ce petit bonhomme tout chaud, avec des petits yeux écarquillés, qui gigote doucement contre moi, c’est un
régal.
Nous nous sommes donc offerts, mon mari et moi, un cadeau inestimable pour notre premier anniversaire de mariage : Titouan, 3kg340 pour 52cm.